L’enregistrement est une procédure de contrôle de la production documentaire dès la création ou la réception du document par transcription ou par analyse dans un registre en vue d’assurer l’authenticité et l’intégrité des preuves inscrites. Bien que l’enregistrement ait été une procédure reliée à la gestion administrative de l’État dans les chancelleries souveraines du haut Moyen Âge, on constate la disparition de la tradition de l’enregistrement dans les administrations à l’aune de l’automatisation des processus par l’informatique. L’authentification des preuves dans un registre s’est substituée à leur inscription dans une base de données pour la performance des systèmes d’information. Le projet doctoral vise à mettre en place une gestion des données transactionnelles dans les bases de données par agrégation et fixation dans un dispositif de conservation que sont les dispositifs d’enregistrement électronique partagés (DEEP) en tant que registres électroniques soutenant la confiance numérique.
La recherche-action est une approche de recherche dans le paradigme du pragmatisme qui vise à générer des connaissances scientifiques par l’action pour changer la réalité sociale des individus et des systèmes sociaux. Elle cherche à réunir l’action et la réflexion, la théorie et la pratique, en participation avec d’autres dans la recherche de solutions pratiques à des questions d’intérêt. Le devis de recherche dans le cadre du projet doctoral est un devis qualitatif qui vise à mettre en place une gestion du cycle de vie des données transactionnelles issues des bases de données des applications métiers. Le projet aura pour objectif de combiner la méthode de recherche-action avec une approche de pratique fondée sur les données probantes en sciences de l’information (EBLIP). L’evidence-based practice provient des sciences de la santé et vise la prise de décision de qualité fondée sur des données probantes émergeant de la recherche scientifique, du contexte local et des connaissances professionnelles qui vont être classifiées selon une hiérarchie de preuves . Alors que les bibliothèques se sont emparées de cette approche et ont développé un modèle théorique adapté aux sciences de l’information, l’enjeu est d’intégrer cette approche dans un milieu professionnel archivistique.
Aucune époque n’a disposé d’autant de connaissances, ni d’aussi précises, ni d’aussi fiables, si bien que l’on pourrait songer à ce que la vérité soit un acquis. Paradoxalement, plus les progrès de la connaissance avancent, plus la notion de vérité devient problématique. L’archive a constitué jusqu’alors un outil pour le développement de la science et l’on peut remettre en question aujourd’hui sa capacité de représentation du monde par l’information graphique vers la constitution de plusieurs régimes de vérités. Pouvons-nous avoir confiance dans les traces du passé et sommes-nous capables de dire le réel à travers l’archive ? Il n’en est rien, l’archive est le produit d’un monde virtuel qui dissout le vrai. Ce projet de recherche réalisé dans le cadre d’une maîtrise en Archives numériques à l’École nationale des sciences de l’information et des bibliothèques soutient l’existence d’une herméneutique archivistique comme condition d’émergence d’une vérité capacitaire. Cette dialectique de la vérité nous amène à dépasser la condition moderne des archivistes vers la construction prédominante au présent de multiples mémoires collectives individuelles à l’ère numérique de la post-vérité.
Publications associées :
Thollet, M. A. J. (2022). Dire le réel à travers l’archive : le rapport de la raison graphique à la vérité. https://doi.org/10.5281/zenodo.7484659
Thollet, M. A. J. (2022). La condition nietzschéenne de la mémoire à l’ère numérique. https://doi.org/10.5281/zenodo.7484693
Thollet, M. A. J. (2022). La société documédiale de la post-vérité, une réalité pour les archives ? https://doi.org/10.5281/zenodo.7484675
Thollet, M. A. J. (2022). L’archive à l’épreuve du réel : établir la vérité à travers l’archive. https://doi.org/10.5281/zenodo.7484597
Thollet, M. A. J. (2022). Le numérique et la ruine de l’authenticité archivistique : des données au document numérique composite, l’impensé quant à la préservation de l’écrit numérique. https://doi.org/10.5281/zenodo.7484643
Thollet, M. A. J. (2022). L’évolution postmoderne de la théorie archivistique : les régimes de vérités au travers de la crise du temps. https://doi.org/10.5281/zenodo.7484735
Thollet, M. A. J. (2022). L’herméneutique archivistique : un bien d’archive. https://doi.org/10.5281/zenodo.7484575
Thollet, M. A. J. (2022). Nietzsche et le numérique : une archivistique du flux et de la stase. https://doi.org/10.5281/zenodo.7484703
Thollet, M. A. J. (2022). Par delà la mémoire archivée : l’archive phénoménologique prise dans le continuum du temps. https://doi.org/10.5281/zenodo.7484709
Thollet, M. A. J. (2022). Pensée bergsonienne en archivistique : l’archivistique du flux et le continuum du temps. https://doi.org/10.5281/zenodo.7484741
Thollet, M. A. J. (2022). Politique nietzschéenne de la mémoire : une opportunité pour la société documédiale de la post-vérité. https://doi.org/10.5281/zenodo.7484763